De la place de l’abeille mellifère dans les milieux naturels (juin 2018)

La cohabitation entre l’abeille mellifère et les autres espèces d’abeilles est actuellement un thème de réflexion dans la communauté scientifique, parmi les naturalistes et les apiculteurs. La place de l’abeille mellifère dans les milieux naturels est souvent remise en cause.
En publiant sur son site internet* le document « De la place de l’abeille mellifère dans les milieux naturels », l’association entend donner sa position sur une question d’actualité.
* www.mellifica.be/b/abeille-mellifere-et-milieux-naturels/

Un débat ancien !
Déjà en 1992, à l’occasion d’une rencontre avec le Professeur Rasmont, dans son laboratoire de l’Université de Mons (P. Rasmont est un spécialiste des bourdons, de renommée internationale), la question de la compétition entre les abeilles mellifères et les abeilles sauvages avait été évoquée. Le débat n’est donc pas nouveau ! A l’époque, très peu d’études s’intéressaient à la question. Il était difficile de se forger un avis scientifique… et c’est toujours le cas aujourd’hui malgré la profusion de recherches sur le sujet !

Un portrait à charge
Alors que l’apiculture était une activité unanimement reconnue comme favorable à la biodiversité jusqu’il y a peu, les choses ont évolué rapidement ces dernières années.
Certains naturalistes et certains scientifiques ont subitement découvert les nombreux inconvénients de la présence de l’abeille dans les milieux naturels. Ils lui reprochent notamment :
— une concurrence exagérée avec les autres abeilles pour les ressources en nectar et pollen,
— la perturbation des flux de pollen dans les milieux naturels et donc la perturbation de la reproduction des plantes à fleurs,
— le passage des maladies de l’abeille mellifère vers les autres espèces.
L’abeille mellifère est finalement considérée comme une espèce domestique invasive malvenue dans la nature.

Domestique et invasive
Comme éleveurs d’abeilles noires, nous ne pouvons pas admettre que l’abeille mellifère se voit qualifiée d’espèce domestique et invasive !
L’abeille noire est indigène en Belgique. Elle y est donc présente à l’état sauvage « depuis toujours ». Cette longue présence a permis aux différentes espèces d’abeilles (mellifères et autres espèces) de vivre côte à côte en établissant des relations interspécifiques équilibrées entraînant leur survie et leur développement jusqu’à nos jours.
Il n’y a donc pas lieu de considérer l’abeille noire comme une espèce introduite et de l’exclure des milieux naturels.
Notre abeille noire est rustique. C’est l’abeille la plus frugale qui soit chez nous. Ses besoins sont réduits, d’où un impact limité sur la disponibilité des ressources en pollen et nectar. On ne peut dire la même chose d’autres races sélectionnées ou hybrides. Elles ne sont ni rustiques, ni frugales, ni même indigènes. Dans ce cas, elles pourraient effectivement être qualifiées d’invasives, ou, au moins d’allochtones.
Quant au caractère domestique de notre abeille noire, c’est une approche caricaturale pour une race dont l’homme n’a modifié ni la morphologie ni la physiologie. A cause des particularités de sa reproduction (vol nuptial aérien), l’abeille mellifère est une espèce élevée par l’homme qui partage pourtant son pool de gènes avec la population vivant à l’état sauvage.

L’abeille noire vit parfaitement bien à l’état sauvage sous le climat belge. Les colonies des ruches essaiment et retournent souvent vivre à l’état sauvage.

Inversement, les apiculteurs capturent des colonies vivant à l’état sauvage pour les loger en ruches.  

Vers plus de réalisme
La position catégorique décrite ci-dessus repose pour le moins sur une lecture « orientée » de la littérature scientifique. A vrai dire, il est assez délicat de définir une position claire à la lumière de ces recherches, car leurs résultats sont souvent difficiles à interpréter. Leurs conclusions peuvent rarement être généralisées. D’autre part, elles ne démontrent presque jamais ce qui est vraiment utile, à savoir une diminution de la fécondité ou une régression des populations d’abeilles sauvages à cause de l’abeille mellifère.


Pourtant, il est vrai que les abeilles sauvages disparaissent. L’apiculture subit aussi de lourdes pertes. Ces disparitions concernent cependant tous les insectes, et pas seulement les insectes pollinisateurs (75 % des insectes auraient disparu des zones protégées en Allemagne ces 30 dernières années).
Faire de l’abeille à miel le bouc émissaire de la disparition des pollinisateurs paraît porteur à certains naturalistes ou scientifiques pour des opérations, disons de marketing (sensibilisation du public, recherche de financement).
C’est une vision à court terme. Soyons réalistes ! La véritable cause de disparition des insectes se trouve dans notre gestion de la nature au quotidien, dans l’urbanisation, l’intensification des pratiques agricoles ou encore le réchauffement climatique.
Mellifica espère donc à l’avenir des politiques de conservation de la nature scientifiquement motivées, équilibrées et respectueuses de notre abeille noire.

Hubert Guerriat


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